Titre : Michelle doit-on t'en vouloir d'avoir fait un selfie à Auschwitz ?
Dates : du 29 juin au 21 juillet relâche les 2, 9, 16 juillet
Heure : 15h40
Durée : 1h05
Théâtre : FACTORY (LA) - 1-Théâtre de l'Oulle
À une époque dominée par les réseaux sociaux, le web et l'obsession de l'apparence superficielle, règne le virtuel. Tout le monde est pris dans cette toile toxique qui empoisonne les jeunes générations aussi bien que les moins jeunes, à travers les appareils connectés, principalement les téléphones. On photographie tout et n'importe quoi, on adopte des pseudonymes plus ou moins ridicules, et on publie chaque minute sur les réseaux sociaux ce qui ne mérite pas toujours autant d'attention qu'un simple pull ou la tombe d'un lapin fraîchement enterré. Seule compte l'image de soi et ce qui se passe en ligne. C'est dans ce contexte que le spectateur est rappelé à la réalité de notre époque, montrant des comportements humains normaux, non exagérés ni caricaturés, mais simplement mis en scène.
Un voyage scolaire est organisé pour les élèves de troisième, parmi eux Michelle, une adolescente ordinaire vivant avec sa mère depuis que son père est décédé il y a trois ans. La destination : la Pologne et ses camps de concentration. Les élèves et les professeurs sont collés à leurs smartphones 24 heures sur 24. Échanges de SMS, WhatsApp, Instagram, vidéos, emojis, rien n'est oublié. La mise en scène est sobre mais frappante : le voyage en car est représenté par des balançoires suspendues à des câbles, habilement disposées sur le sol, puis les élèves découvrent les rails où les déportés arrivaient. Sur le portail servant de porte d'entrée est écrit en allemand "Arbeit macht frei" : le travail rend libre. L'atmosphère est oppressante, illustrant les atrocités commises en ces lieux, où "on entre par la porte et on sort par la cheminée". Tous semblent conscients de l'ambiance dans laquelle ils évoluent, visitant le musée avec ses valises, ses chaussures, et les baraquements. Au moment de partir, alors que tous sont dans le car, Michelle a l'idée de prendre un selfie avec le camp de concentration en arrière-plan.
Ignorant les conséquences et agissant comme d'habitude, elle partage sa photo sur les réseaux sociaux. C'est là que tout bascule : la photo est diffusée massivement et prend de l'ampleur. Devenant virale de contact en contact, elle fait le tour du monde et de son collège. Un torrent de haine et de méchanceté s'abat sur elle. On se prend en photo devant la Tour Eiffel, devant la Muraille de Chine, alors pourquoi pas à Auschwitz ? Est-ce un devoir de mémoire accompli pour léguer un souvenir aux générations futures ou simplement un geste stupide pour gagner en visibilité, répondant aux codes imposés par une société où chacun est connecté ?
La pièce retrace les événements depuis l'expédition jusqu'au retour, puis la spirale infernale qui s'abat sur la jeune adolescente qui ne comprend pas la situation. Le contexte est expliqué, les réactions des autres sont montrées. Une mise en scène forte pour observer une situation : sommes-nous simples témoins de l'Histoire, passeurs de mémoire ou juges capables de rendre justice ? Cette pièce vous laisse juger librement, penser ce que vous voulez. Aucune réponse n'est fournie sur la bonne attitude à adopter. Nous vivons dans un monde libre où chacun agit en son âme et conscience, tant que cela respecte autrui. Malheureusement, c'est un monde de plus en plus virtuel et déshumanisé.
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