Publié par : Carlotta B., le 09/07/2024

Séraphine - Théâtre - Critique

Pièce: Séraphine
Dates: du 29 juin au 21 juillet, relâche les 2, 9 et 16 juillet
Horaire: 15h15
Durée: 1h15
Lieu: Théâtre de L’Étincelle
Distribution:
Acteur/actrice : Mathilde Andréa, Jane Beuvier, Louis-Martin Lambouley, Maxime Moreau, Gaïa Samakh.
Régisseur : Jean-Louis Alessandra
Administration : Teddy Dumont
Metteur en scène : Valentin Neyrac


Présentée par la jeune compagnie des Amoqueurs, "Séraphine" est une pièce de théâtre bouleversante, illuminée par la lueur vacillante d’une bougie et racontée comme un conte enchanteur. Elle présente l’histoire de Séraphine Louis, plus connue sous le nom de Séraphine de Senlis, peintre passionnée et âme tourmentée.

Comme dans un conte féerique, la jeune Séraphine prend son poste de bonne dans une demeure bourgeoise. Cependant, cette maison cache un terrible secret : son maître interdit la peinture sous son toit, alors que cette passion est la seule flamme qui anime la jeune femme. Inspirée par son ange gardien, la peinture devient pour elle sa seule raison de vivre. Bravant l’interdit, elle poursuit son art coûte que coûte, affrontant les conséquences avec une détermination inébranlable.

De nombreuses figures attachantes peuplent cette histoire : les bonnes Camille et Marceline, ou encore William, le frère du maître des lieux. L’humour, incarné par le personnage de Gaby, apporte des moments de légèreté, équilibrant les émotions intenses.

La mise en scène, en contrastes de noir et de blanc, renforce l'esprit éparpillé et coloré de Séraphine. Des objets contemporains comme la radio ou les fleurs ajoutent une modernité subtile à l’histoire et interrogent le spectateur, accentuant le décalage entre le monde intérieur de Séraphine et la réalité qui l'entoure.

À travers le parcours de Séraphine, peintre de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, la pièce explore des questions profondes sur l’exercice de l’art, et plus précisément de la peinture, chez les femmes de cette époque. La dépendance de la femme artiste vis-à-vis des hommes, l’identité artistique et sexuelle, ainsi que la reconnaissance artistique, sont des thématiques explorées avec finesse.

La couleur jaune devient un fil conducteur, symbolisant la vision de Séraphine d’un paradis perdu ou d’un hortus conclusus à travers ses natures mortes. Sans en avoir conscience, elle s’inscrit dans le mouvement des primitifs modernes, aux côtés du Douanier Rousseau. Bien que classée parmi les naïfs, elle reste naïve au sujet du monde de l’art.

L’idée centrale de la folie et de l’art explore le poids du psychique dans la création artistique. Entre exercice et destruction, l’art se révèle essentiel pour la connaissance de soi et de son âme, malgré les dangers potentiels d’une pratique excessive. L’art devient-il une thérapie pour panser les traumatismes de l’enfance ? Séraphine apparaît alors comme une missionnaire divine.
L’étude minutieuse de la vie de Séraphine par les auteurs se reflète dans de nombreuses scènes, comme celle où elle travaille à la bougie, à genoux, sous un drap, chantonnant des airs christiques. L’intrigue et le jeu des comédiens tiennent en haleine le spectateur jusqu’à la fin, le laissant ébahi lors du dénouement.

Les comédiens, par leur force de travail et de persévérance, font oublier leur jeune âge. Leur réécriture remarquable et leur jeu excellent apportent un vent de fraîcheur et de poésie à ce festival 2024, marquant durablement les esprits.
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