Publié par : Carlotta B., le 03/07/2024

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Colette l'indomptable - Théâtre - Critique

Pièce: Colette l’indomptable
Dates: du 29 juin au 21 juillet, relâche le jeudi
Horaire: 20h45
Durée: 1h10
Lieu: B.A Théâtre
Distribution: Texte et mise en scène Gaël Lepingle, Musique de Julien Joubert
Avec Ariane Carmin, Mia Delmae et David Koenig

La pièce évoque la vie fascinante de Colette, femme de lettres, actrice et journaliste, dont le parcours s'étend de la fin du XIXe siècle au milieu du XXe siècle.

Le vocabulaire théâtral résonne à nos oreilles. À travers l'histoire personnelle de Colette, nous découvrons également les bouleversements de son époque : l'avènement de la Révolution industrielle, l'expansion du chemin de fer, la démocratisation des transports, et les luttes pour la reconnaissance des travailleurs. Nous plongeons dans l'effervescence du Moulin Rouge et du music-hall, l'émergence de l'émancipation féminine face à une société patriarcale, et les passions déchaînées par l'affaire Dreyfus.

Cette pièce de théâtre dévoile toutes les facettes de la vie de Colette, de ses romans comme *Claudine à l'école* à ses souvenirs d'enfance, jusqu'à sa carrière d'actrice célèbre. L’œuvre met en lumière les difficultés auxquelles les femmes devaient faire face pour s'émanciper et se faire une place en tant qu'artistes dans une société dominée par les hommes. La détermination de Colette lui confère un caractère d'indomptabilité et de révolutionnaire pour son époque.

Le spectacle explore également la vie de bohème des artistes, évoquée dès les prémices par Henri Murger, jusqu'aux vagabonds, saltimbanques, contrebandiers et gitans. Ces marginaux, souvent rejetés pour leur mode de vie atypique, ne sont jamais loin de l'art. Colette apparaît comme une femme libre, choisissant sa vie et ses relations, tant masculines que féminines. L'œuvre souligne aussi l'importance de la presse à l'époque, instrument de réputation et de rumeur. Colette embrasse la vie de bohème, défiant les conventions sociales, et se présente comme une femme indépendante, loin des clichés de femme-objet.

Les comédiens interprètent une multitude de personnages, nous transportant des Folies Bergère aux paysages du sud avec l'accent chantant de Marcel Pagnol. À travers le music-hall, nous voyageons entre diverses disciplines en vogue à l'époque, comme le mime, le ballet et le cirque. La pantomime est omniprésente.

Cette ambiance chantante imprègne toute la pièce, car il s'agit d'une œuvre musicale. L'ennui n'a pas sa place : le spectateur est constamment ébloui et captivé, comme dans une comédie musicale. Les chansons sont interprétées, composées et mises en scène avec une délicatesse et une énergie remarquables.

La personnalité de Colette nous éclaire sur le parcours de cette jeune femme, issue d'une famille bourgeoise, qui aspire à s'émanciper des codes sociaux. Entre femme libre et femme captive, la question de la femme artiste demeure essentielle tout au long du spectacle. On perçoit la persévérance qui anime Colette : loin d'être capitaliste, elle désire devenir célèbre sans forcément vivre de son art, aspirant avant tout à écrire et jouer par passion. Indomptable, elle montre sa force tant dans sa vie d'artiste que lors de son engagement pendant la Première Guerre mondiale.

L'image de Colette reste fidèle à elle-même, et son personnage, tout comme la pièce, s'ancrent durablement dans nos mémoires. Témoignant d'une époque et d'une personnalité marquante, cette pièce est sans nul doute l'un des incontournables du festival 2024.
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