Publié par : Pierre F., le 30/06/2024

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L’art de ne pas dire - Théâtre - Critique

Titre : L’art de ne pas dire - Clément Viktorovitch
Dates : du 29 juin au 21 juillet, relâche les 2, 9 et 16
Horaire : 19h05
Durée : 1h15
Lieu : La Factory, Salle Tomasi
Genre : seul en scène
Distribution : de et avec Clément Viktorovitch, co-écriture et mise en scène de Ferdinand Barbet


Pour la première fois au théâtre, nous retrouvons Clément Viktorovitch, docteur en sciences politiques, dans une fiction grinçante. Il y incarne un conseillé en communication ayant propulsé un député alors inconnu à la fonction de Président de la République. Écarté par la suite à cause d’une coupe de cheveux, disons, un peu trop onéreuse et de surcroit aux frais du contribuable, il décide de prendre sa revanche. N’ayant plus rien à perdre, il se lance dans un exposé durant lequel il nous révélera toutes les techniques ayant été utilisées pour atteindre le pouvoir.

Il faut tout d’abord saluer la performance de Clément Viktorovitch qui, seul sur scène dans une mise en scène épurée, tiens le public en haleine sans aucun temps mort durant 1h15. Le comédien manie les mots avec une telle aisance qu’il nous donne l’impression que c’est quelque chose de naturel pour lui, comme de respirer. Il revient sur les étapes principales de la campagne de ce candidat aux élections présidentielles comme un discours adressé aux Français, un plateau de télévision face aux journalistes ou encore un scandale risquant de mettre la campagne en péril s’il est mal géré. Chaque étape est décortiquée, passée au crible, permettant peu à peu de nous faire prendre conscience des mécanismes de persuasion et de la force des mots qui ne sont jamais choisis au hasard. Par de nombreux exemples, le comédien illustre chacune des techniques oratoires mobilisées, rendant le propos compréhensible par tous et les arguments imparables.

Ce qui semblait s’annoncer comme un simple monologue, s’avère en réalité une conférence où le public est invité à participer par moments par le biais de jeux. Bien qu’instructif, le propos ne manque pas d’humour et fera souvent rire les spectateurs par son côté grinçant, dépassant parfois la limite de ce que l’on peut considérer comme moralement acceptable. On comprend rapidement qu’en dépit de la morale et de la justice, l’objectif de ce conseillé en communication est juste de pousser son poulain le plus loin possible.

Bien que le contexte politique actuel soit assez mouvementé, le spectacle garde un ton neutre avec toujours une pointe d’ironie sans jamais prendre position ou émettre de jugement de valeur. C’est une pièce de théâtre qui nous interroge sur la réelle signification de la démocratie et sur notre condition de citoyen. Il s’agit donc d’un incontournable pour les amateurs de rhétorique ou simplement pour ceux étant désireux d’en apprendre plus sur les mécanismes de l’art de la communication.

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