À mourir aux éclats - Théâtre - Critique

Titre : À mourir aux éclats, ou comment j’ai réussi mes suicides…
Dates : du 29 juin au 21 juillet, relâche le mercredi
Horaire : 14h45
Durée : 1h10
Lieu : Au Palace
Genre : seule en scène
Distribution : de et avec Marion Saussol, mise en scène de Laetitia Richard

L’objectif de vie de Sam Meutut, ou plutôt sa finalité devrait-on dire, était de se donner la mort. Dans sa famille, c’est une histoire de tradition qui se transmet de mère en fille et personne ne déroge à la règle. Après plusieurs tentatives s’étant révélées infructueuses, Sam décide plutôt d’apporter son expertise aux autres en ouvrant l'agence « A mourir aux éclats », qui propose d’organiser le suicide idéal selon les critères des clients faisant appel à ses services. Sur place où à l’étranger, une chute du balcon du 6e ou pendu à la flamme de la Statue de la Liberté, tout est possible, tout est réalisable, à condition de moyenner un certain budget. Pour fêter les 20 ans de son agence, elle revient avec nostalgie et humour sur les moments marquants de son activité professionnelle pour le moins peu conventionnelle.

Dès que le public entre dans la salle, il est accueilli en musique sur la chanson « On ira tous au paradis » de Michel Polnareff, alors que la comédienne est déjà sur scène, annonçant la couleur de ce qui va suivre. Sam nous fera l’inventaire des moyens plus ou moins conventionnels de se donner la mort. L’humour noir est recherché et les jeux de mots bien trouvés, renforçant le côté absurde que le texte cherche à se donner. Bien qu’il puisse sembler un peu grinçant par moments, il ne bascule jamais dans le morbide malgré les thèmes évoqués. La noirceur se dégageant de la représentation de la mort s’entrechoque joyeusement avec l’énergie de la comédienne qui, malgré qu’elle soit seule sur scène, arrive à capter notre attention. Ses interactions avec le public, interpellant tantôt une vieille connaissance ou encore son ex, renforce ce sentiment, provoquant l’hilarité des spectateurs. Marion Saussol incarne de manière brillante et fluide une multitude de personnages aussi drôles qu’attachants, trouvant le juste milieu entre réalisme et caricature, réussissant à passer de l’un à l’autre sans transition ni perdre le public. On retrouve de nombreuses références à des célébrités dont le point commun est leur fin tragique telles que Marylin Monroe, Claude François, Mike Brant et bien d’autres. La comédienne reprendra des titres cultes, enfin plutôt des reprises dans son style...

Bien qu’il puisse sembler risqué de parler de sujets comme la mort ou le suicide, et encore plus d’en rire, le pari est totalement réussi. La mort est un sujet glissant et le suicide tabou mais dans le cas présent, la comédienne parvient à en parler avec les mots justes, sans porter de jugement sur cet acte. Finalement, plus qu’une pièce qui parle de la mort, c’est une pièce qui parle de la vie, fragile et éphémère, ce qui fait sa beauté et qu’elle mérite d’être vécue. Mention honorable au final de la pièce qui vous fera sans aucun doute… mourir aux éclats !