Christophe Delort est un auteur, comédien et metteur en scène passionné, né à Avignon. Marqué par l'ambiance prenante du festival de sa ville natale. Il se fait connaître par ses adaptations théâtrales de Sherlock Holmes, jouées dans des lieux comme le Théâtre du Gymnase et le Splendid. En parallèle, il a écrit pour la télévision et diversifie ses créations avec des spectacles sur la philosophie et Al Capone. Aujourd'hui, il codirige le théâtre Notre-Dame à Avignon, alliant innovation et respect du patrimoine, tout en continuant de captiver le public avec ses productions uniques. Cette année il revient avec Al Capone et un nouveau Sherlock Holmes. Nous avons eu le plaisir de pouvoir échanger avec lui le 20 juin 2024.
J. : Peux-tu nous parler de ton parcours et de ce qui t'a amené au théâtre ?
C. : Ce qui m'a amené au théâtre, c'est une histoire assez particulière. Moi, je suis né à Avignon. Quand j'étais petit, je n'allais pas au festival d'Avignon avec mes parents. Nous ne regardions jamais de pièces, mais nous aimions plonger dans l'ambiance festive de la ville pendant cette période. Cette atmosphère m'a marqué et a semé en moi une graine qui allait pousser bien plus tard.
C. : Un jour, j'ai dit à mes parents que je ne voulais plus faire d'études ; je voulais faire de l'improvisation théâtrale parce que j'aimais le théâtre. J'ai donc commencé par l'impro, puis j'ai eu la chance de créer un one-man-show que j'ai joué pendant neuf ans. J'ai connu des années de galère, de bohème, jouant dans des petits cafés-théâtres à Paris de cinquante places, où les spectateurs donnaient ce qu'ils voulaient dans un chapeau. Ensuite, j'ai eu la chance d'écrire pour la télévision après avoir passé un casting d'auteur. J'ai toujours aimé écrire, même si je n'ai aucune formation classique en théâtre. Je n'ai pas fait les cours Florent, j'ai appris en observant les autres et en essayant de reproduire ce qu'ils faisaient.
C. : Ainsi, j'ai commencé par l'improvisation, puis le one-man-show. Je me suis toujours dit que personne ne me donnerait du travail, alors j'ai créé mes propres spectacles. Un jour, j'ai lu du Sherlock Holmes et j'ai décidé de l'adapter au théâtre. Ce fut mon succès rapide. Avec cette adaptation de Sherlock Holmes, nous avons joué dans de grands théâtres comme le Théâtre du Gymnase et le Splendid. Aujourd'hui, nous jouons depuis cinq ans au Grand Point Virgule.
C. : J'ai créé plusieurs spectacles : le numéro deux, le numéro trois, et j'essaie de ne pas m'engourdir en diversifiant mes créations. Par exemple, j'ai fait des spectacles sur la philosophie et Al Capone.
J. : Vous êtes désormais trois à gérer le théâtre Notre-Dame après une année de transitions. Comment cette collaboration se passe-t-elle ?
C. : Nous avons une super entente. Nous sommes avant tout une bande d'amis, et nous prenons tout avec sérieux sans cloisonner nos rôles. Chacun fait ce qu'il sait faire de mieux et se gère. Par exemple, Alain s'occupe de l'administratif, moi je suis sur tout ce qui est créatif, comme les affiches et les programmes, et Bénédicte contribue aussi selon ses compétences.
J. : Peux-tu nous présenter rapidement la nouvelle adaptation de Sherlock Holmes (Le Signe des Quatre) ?
C. : L'anecdote est assez drôle : j'avais joué Sherlock Holmes un et deux à Trappes, et le directeur m'a demandé un troisième spectacle pour l'année suivante. Je ne l'avais pas encore écrit, mais j'ai accepté le défi. J'ai adapté "Le Signe des Quatre" de Conan Doyle, ajoutant des éléments interactifs et de la magie pour créer un véritable terrain de jeu.
J. : Et qu'en est-il de ton spectacle “Al Capone" ?
C. : C'était un gros défi de lancer deux créations la même année. Avec mes associés, Alain, saxophoniste professionnel, et Bénédicte, comédienne, nous avons décidé de faire un spectacle à trois. Nous avons créé une pièce sur Al Capone, mélangeant musique d'époque et jeu de comédiens. Nous sommes cinq comédiens jouant plus de trente-cinq personnages, avec deux musiciens en live.
J. : L'année dernière, tu as écrit "Une heure de philosophie avec un mec qui ne sait pas grand-chose". Cette année, tu reviens avec "Al Capone" et un nouveau Sherlock Holmes. Comment parviens-tu à maintenir un tel rythme de production ?
C. : Je fais des recherches et j'utilise mes découvertes pour vulgariser la philosophie. Grâce au confinement, j'ai eu le temps de me plonger dans ce sujet. J'ai découvert une bande dessinée, "La Planète des Sages", qui m'a donné envie de creuser davantage. Maintenir un rythme de production élevé est naturel pour moi. Je ne me force pas à créer un spectacle ; c'est plutôt le vent créatif qui me porte. Par exemple, la philo est née d'une opportunité avec un ami producteur à Tahiti. J'aime transmettre au public non seulement de l'humour mais aussi des connaissances. Mes spectacles ne sont pas élitistes ; ils sont destinés à plaire à tout le monde.
J. : Comment gardes-tu les pieds sur terre face à un succès constant, avec plusieurs spectacles à succès et des diffusions à la télévision ?
C. : Je ne vois pas cela comme un succès constant. Pour moi, c'est un travail comme un autre. Je suis reconnaissant de pouvoir vivre de mes spectacles, mais je reste conscient que cela peut changer. Je savoure chaque moment et reste concentré sur mon travail.
J. : Comment avez-vous choisi la programmation du théâtre Notre-Dame pour cette saison ?
C. : Le théâtre Notre-Dame accueille une programmation pluridisciplinaire, mélangeant différents genres. Nous avons des jeunes talents, des spectacles plus connus, et nous donnons une chance à tout le monde.
J. : Quels conseils donnerais-tu aux jeunes comédiens ou metteurs en scène qui débutent dans le monde du théâtre ?
C. : Créer leurs propres projets. Il faut tenter beaucoup de choses, apprendre de ses échecs, et ne pas attendre qu'on leur donne une opportunité. S'entourer de bons amis et aller voir d'autres spectacles est également essentiel pour se nourrir et évoluer.
J. : Pour toi, l'intelligence artificielle, amie ou ennemie du théâtre ? Et pourquoi ?
C. : Je pense qu'elle ne pourra jamais égaler la subtilité humaine dans la création artistique. Elle peut être un outil puissant, notamment pour la création d'affiches, mais elle ne remplacera
pas l'écriture et l'émotion d'un spectacle vivant. Cependant, elle peut poser des problèmes dans certains domaines, comme les voix off.
J. : Le théâtre Notre Dame étant un monument historique, comment cela se passe-t-il ?
C. : Cela impose certaines contraintes, mais nous travaillons en étroite collaboration avec la fondation Calvet pour respecter et préserver le bâtiment tout en y apportant des améliorations nécessaires. Il est crucial de trouver un équilibre entre innovation et respect du patrimoine.
J. : Et, pour terminer, qu’est ce qu’une bonne pièce de théâtre pour toi ?
C. : C’est celle qui émeut et touche le public, celle qu'on a envie de partager et de revoir. Elle peut faire rire, pleurer ou réfléchir, mais surtout, elle doit créer une connexion sincère avec le spectateur. C'est ce qui rend le spectacle vivant si unique et précieux.
Le 2 juillet le théâtre Notre Dame propose les spectacles en avant première sans réservation et gratuitement ! Une incroyable occasion de découvrir de nombreuses pièces pour tous.
Vous pouvez retrouver Christophe Delort au théâtre Notre Dame à partir du 2 juillet et ce pendant toute la durée du festival, la programmation se trouve ici :
https://theatrenotredame.com/