Publié par : Mathilde P., le 20/06/2024

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La Joie - Théâtre - Critique

Titre : "La Joie"
Dates : Du 03 au 21 juillet, Relâches les mardis 09 & 16
Horaires : 13h00
Durée : 1h15
Lieu : Théâtre Artéphile
Distribution : Texte Charles PÉPIN (Allary Editions) - adaptation et interprétation Olivier RUIDAVET - MES Tristan ROBIN

“Faut-il des raisons pour ressentir de la joie ?” “Sauriez-vous profiter de l'instant présent si vous en preniez le temps ?” Voilà les questions sur lesquelles nous lance le comédien qui a adapté le livre de Charles Pépin. Cette pièce nous amène à porter un regard singulier sur le monde qui nous entoure et la société actuelle à travers le personnage et l'histoire de Mr Solaro.

Lorsque les spectateurs arrivent tranquillement dans la salle, le comédien est déjà dans son rôle. Regard lunatique sur les murs environnants, musique de fond (gouttes qui tombent, petite mélodie), une fois que nous avons compris le silence se fait. Nous sommes très vite happés par l'ambiance, un peu déroutante au prime abord mais tellement légère que nous nous laissons transporter.

Nous faisons connaissance avec le comédien qui commence par nous raconter sa vie, en préférant voir le verre toujours à moitié plein que vide. Il rend visite à sa maman à l'hôpital de Paris, service cancérologie. Plutôt que de nous parler de la maladie et de la mort imminente, il se concentre sur les détails futiles pour nous : le ciel est bleu, Il y a du soleil, des fleurs, l'odeur du savon pour se laver les mains qui sent si bon, le bruit de la tasse de café sur le comptoir de la cafétéria,.... Il décrit tout, commente tout. On peut se demander s'il sent la douleur de la situation et s'en détourne volontairement où bien est-ce sa façon de voir le monde ? Avec des yeux innocents, tout lui semble beau, délectable, appréciable alors que dehors tout est terne.

Selon les rebondissements de son histoire les mots fusent, affluent telle de la poésie, en prose, avec des rimes, le texte est d'une telle densité ! Le jeu d'acteur est magnifiquement bien maîtrisé et ne peut que vous embarquer dans sa vie d’éternelle optimiste au cœur indéniablement. Il fait passer quelques petites remarques qui font grincer des dents mais celles-ci sont si habilement intégrées qu'elles flottent, nous survolent.

On peut avoir l'impression que le personnage a gardé son côté enfantin et n'a jamais grandi pour voir la réalité des choses comme le font les adultes. Une réalité un peu trop sérieuse où les gens ne font que passer et ne profitent pas de l'instant présent telle l'expression “métro-boulot-dodo”. La candeur de Solaro est vue comme une maladie au yeux de sa famille mais fera très vite écho aux spectateurs en référence aux ouvrages “l'étranger” de Camus, et “Candide” de Voltaire. Il nous interroge sur les conditions humaines, est-ce lui qui n'est pas adapté au monde où est-ce notre monde qui n'est pas fait pour lui ?

Des phrases percutantes sont envoyées “avec le temps seul demeure l'essentiel”, au fond qu'importe les détails ? Il se concentre sur le moment présent, ne se soucie pas du futur et le passé quant à lui reste derrière. Avec Solaro on ne marche pas dans cette pièce, on vole. Et vous, quel sens donnerez vous à ces réflexions si simples et pourtant si profondes ?
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