Bruno Saby, né le 23 février 1949 à Grenoble, est un pilote de rallye français renommé pour ses performances tout au long de sa carrière. Débutant dans les années 1970, il a rapidement gravi les échelons pour devenir l'une des figures de proue du sport automobile. Sa renommée s'est construite principalement au sein du championnat du monde des rallyes, où il a compétitionné avec succès dans diverses épreuves prestigieuses. Parmi ses victoires les plus notables, on compte ses triomphes au Rallye Monte-Carlo et au Rallye d'Acropole, qui ont solidifié sa réputation de pilote talentueux et polyvalent. Outre ses exploits en compétition, il a également contribué au développement de techniques de conduite et à la promotion de la sécurité sur les circuits. Son engagement envers ces aspects essentiels du sport automobile a été largement reconnu et apprécié par ses pairs et les organisateurs de courses. Bien qu'il ait pris sa retraite de la compétition active, Bruno Saby reste une figure respectée dans le monde du rallye, continuant d'inspirer les aspirants pilotes par son parcours impressionnant et son dévouement envers le sport. Nous avons eu la chance de le rencontrer le 24 mars 2024 au salon Motor Passion à Avignon.
Quel est votre souvenir le plus mémorable au niveau des courses automobiles ?
J'ai eu la chance de grandir dans une région où j'ai pu assister aux plus prestigieux rallyes, notamment le rallye de Monte-Carlo. Enfant, dès que j'ai vu passer cet événement, j'ai su que ma vocation se trouvait là, que c'était ce que je voulais faire de ma vie. J'ai alors entrepris avec détermination et courage de poursuivre mon rêve de devenir pilote automobile, un chemin semé d'embûches. Avec le recul, je réalise que persévérer en valait la peine, car cela m'a permis de mener une vie merveilleuse.
Au total, est-ce que vous savez combien vous avez fait de courses ?
Aucune idée, étant donné que j'ai accumulé quarante-deux saisons de course automobile jusqu'à présent. Bien que mon rôle ait évolué au fil du temps, restant actif dans le milieu en m'engageant dans d'autres activités telles que les événements historiques et caritatifs, j'ai participé à un nombre considérable d'épreuves. Pendant pratiquement toute ma vie, j'ai passé environ trois cents jours par an au volant, naviguant à travers une multitude de disciplines. Ma grande chance a été d'avoir la possibilité de m'illustrer dans chacune d'elles. Mon parcours a été plutôt assez exceptionnel, souvent obligé de changer de cap en raison de modifications réglementaires ou de retraits de sponsors, j'ai dû m'adapter à différentes disciplines. J'ai ainsi compétitionné sur neige, sur gravier, sur asphalte, en rallye raid, et j'ai pu remporter des victoires et des titres dans diverses catégories telles que le rallycross, les courses tout-terrain et sur circuit, y compris le prestigieux Dakar où j'ai décroché le titre de champion du monde de rallye raid. Cette variété est ce qui rend le sport automobile si captivant et unique. Chaque défi était une opportunité pour moi de rebondir et de continuer à enrichir mon palmarès, ce qui le rend finalement assez exceptionnel.
Comment envisagez-vous l'évolution de la technologie et des stratégies dans le domaine du rallye à l'heure actuelle ?
C'est une préoccupation majeure car l'ensemble du secteur est en pleine exploration. On constate que de nombreuses personnes apportent des idées novatrices. Personnellement, je place ma confiance en ceux qui ont récemment connu une carrière brillante, comme Jari-Matti Latvala, qui dirige désormais l'écurie Toyota. Il possède une vision et j'espère qu'il saura influencer positivement les décisions de la Fédération Internationale de l'Automobile (FIA), car actuellement, il semble y avoir une multitude de projets en cours et je crois qu'il est essentiel d'écouter les pilotes, voire les anciens pilotes, pour déterminer la meilleure voie à suivre. Bien sûr, la principale préoccupation reste que le sport automobile conserve une bonne image, même si l'on entend souvent des critiques sur son impact environnemental. Il est important de noter que les émissions de CO2 du sport automobile représentent un faible pourcentage par rapport à d'autres sources de pollution, mais nous devons tout de même jouer le jeu. Cette préoccupation est partagée par les législateurs, les fédérations, les ingénieurs et les responsables d'écurie. Pour ma part, je suis optimiste, mais idéalement, nous devrions pouvoir utiliser l'hydrogène pour alimenter les moteurs thermiques. Cela nous permettrait de conserver le son caractéristique des moteurs à combustion, qui manque aux véhicules électriques et déçoit souvent les spectateurs. L'hydrogène offre également des perspectives intéressantes pour le grand public. Il faudra toutefois parvenir à un consensus pour que cette transition soit réussie. Nous sommes à un moment crucial, où de nombreux projets sont lancés puis abandonnés. Les grands constructeurs et les fédérations automobiles sont à la recherche de solutions. J'espère que nous parviendrons à trouver un compromis qui permettra de préserver l'essence même de la course automobile. En observant l'engouement et la passion qui animent les salons et les événements automobiles, je reste convaincu que le sport mécanique continuera à susciter un vif intérêt, notamment auprès des jeunes générations. Je suis confiant quant à l'avenir et à ceux qui seront chargés de prendre les décisions nécessaires pour assurer sa pérennité.
En parlant des jeunes, que conseilleriez-vous à un jeune qui désire se lancer ?
Eh bien, de nos jours, les opportunités pour les jeunes sont bien plus nombreuses qu'à notre époque. Il était essentiel de se lancer avec nos modestes moyens et de se faire remarquer malgré des ressources limitées. Mais aujourd'hui, grâce à des initiatives telles que le programme "Volant Jeune" de la Fédération Française du Sport Automobile, des talents comme Sébastien Loeb et Sébastien Ogier ont pu émerger, ouvrant ainsi la voie à de nombreux autres pilotes. Il existe désormais une véritable possibilité d'accéder à ce sport. Bien sûr, trouver les financements nécessaires reste un défi, mais avec de la détermination et de la persévérance, il est tout à fait possible de séduire des partenaires financiers, voire des concessionnaires, pour obtenir un soutien. Je suis convaincu que si l'on veut vraiment réussir, on peut y arriver. Mon propre parcours en est la preuve : malgré les obstacles et les défis rencontrés, j'ai réussi à vivre de ma passion pour la course automobile. Mon expérience peut servir d'inspiration aux jeunes qui nourrissent des rêves similaires. Dans mon livre relatant ma carrière, je décris ce chemin semé d'embûches qui semblait, à l'époque, être une mission impossible, mais que j'ai finalement réussi à accomplir. Je suis convaincu que mon exemple peut nourrir l'espoir et la détermination des jeunes aspirants pilotes.
Vous êtes également impliqué dans des activités caritatives. Pourriez-vous nous en dire plus à ce sujet ?
Je suis profondément investi dans cette cause. Malheureusement, nous sommes tous touchés par le cancer à un moment ou à un autre dans nos vies. Nous savons à quel point les choses peuvent changer rapidement. Personne n'est à l'abri. C'est pourquoi je suis très engagé dans la lutte contre cette maladie. Je suis fier d'être le parrain de l'association Espoir contre le cancer. Inspiré par l'engagement des sportifs dans le golf, où de nombreuses œuvres caritatives sont menées, j'ai décidé d'appliquer la même approche dans le monde de l'automobile.
J'ai aligné des voitures arborant les couleurs de l'association Espoir contre le cancer lors de divers événements, notamment les rallyes. Nous avons remporté le rallye de Corse trois années consécutives. Cette année, nous avons participé avec succès au rallye de Monte-Carlo, avec quinze voitures aux couleurs de l'association. Les vainqueurs, Michel Decremer et Jennifer Hugo, sont des Belges qui ont rejoint cette noble cause. Je trouve cela formidable de voir une telle solidarité entre différentes nationalités au sein d'une association française.
Je suis reconnaissant du soutien de Mascotte Assurance, qui m'a permis d'être présent sur leur stand pour mener à bien nos actions caritatives. Nous avons récemment lancé une opération avec la vente de 400 plaques commémoratives de ma carrière, rappelant que je suis le seul pilote français à avoir remporté le Dakar, le Monte-Carlo et la Corse. Toutes les recettes de cette vente ont été reversées à l'association Espoir contre le cancer. Cette initiative a été un grand succès, grâce à la générosité de Mascotte Assurance et à l'engagement de notre association.
Et comment faire pour les aider ou faire un don ?
Les personnes intéressées peuvent se rendre sur notre site internet :
https://www.espoir-isere-cancer.com/. De plus, elles ont la possibilité de nous rejoindre lors de nos participations à des rallyes ou des salons. En effet, mon association, en collaboration étroite avec notre présidente et toute l'équipe d'Espoir contre le Cancer, est présente lors de mes événements portant les couleurs de l'espoir. Pendant ces occasions, l'ensemble de l'association propose à la vente des plaques commémoratives et d'autres souvenirs de ma carrière. Ainsi, les personnes désireuses de soutenir notre cause peuvent acheter ces articles pour contribuer financièrement ou devenir membres de l'association. Nous vous remercions sincèrement de votre intérêt pour notre action.
Notre interview de Bruno Saby