Première "avant-première" de la saison 2023 pour moi et elle commence fort, avec une pièce de théâtre "La vie interdite" où Jack meurt d'un anévrisme et se voit assister à la découverte de son décès, de son enterrement au testament bref, de cette "vie d'après".
Le jeu de l'acteur est très bien maîtrisé puisqu'il joue son propre rôle "d'âme errante" où fantôme, ainsi que le rôle de ses proches et connaissances. On le voit changer de place comme changer de personnage, un coup imitant sa femme Fabienne, un coup la vieille Mme Tisson avec sa voie aiguë et stridente.
Chaque rôle est très bien dépeint et incarné. L'exercice n'est pas aisé mais l'acteur mène la danse jouant le rôle d'un vendeur en quincaillerie, ou plutôt officieusement, peintre à ses heures perdues au talent peu reconnu. Il pensait mener une vie satisfaisante entre sa femme et sa jeune maîtresse Neila, son fils Lucien 8 ans et ses clients habituels. L'annonce de sa mort va lui montrer une toute autre vérité, il va découvrir son entourage sous un nouvel angle et reconnaître qu'il n'a pas su être un bon père, ni un mari fidèle, ni un vendeur passionné. Passionné ça oui, il l'est indéniablement, mais de peinture ! D'ailleurs il n'a pu achever son œuvre ultime "la vie interdite " illustrant la belle Neila sortant nue de l'eau.
On voit l'acteur passer de scène en scène et évoluer au grès de l'histoire à l'humour décapant et aux répliques cinglantes : "sans me vanter, pour mon enterrement il y a du monde !". Le thème choisi est cette question de la mort et de l'après, et son arme, le rire, la caricature bien placée. Au fil des scènes Jack s'interroge : qu'y a-t-il réellement après la mort ? Pourquoi est-il encore là ? Quel est le but de sa mort ? Quelle est la finalité de cette situation ? Pourquoi ne peut-il être vu ou senti par ses proches ? On le voit frustré, crier, s'enrager, être déçu, avoir des regrets : "c'est beau d'être aimé mais pour s'en rendre compte faut mourir". Le public est embarqué dans son "aventure post mortem" où l'on rit avec l'acteur, on sourit, on compatit, on grince des dents.
Les enjeux sont grands et ils sont relevés avec audace : le tabou de la mort, le paradis ou l'enfer : "les humains seraient peut-être contents de savoir que la mort ressemble à luna park où on passe d'une attraction à une autre".
Honnêtement cela faisait 15 ans que je n'étais pas allée au théâtre, et j'ai passé un bon moment. J'ai voyagé avec Jack dans son passé, la rencontre avec sa femme miss savoie, ainsi que celle avec sa maîtresse travaillant dans une agence de voyages. Le jeu de l'acteur a réussi : nous avons voyagé ! On sort avec cette question : auront nous, nous aussi la même mort et aventure ? Aussi captivante et philosophique ?
Après la pièce, l'acteur nous confie "la peur de la mort est la mère de toutes les peurs. Une fois qu'on l'a détruite, il y a des choses qui peuvent changer." Ce n'était pas sa première interprétation de Jack le vendeur en quincaillerie, qu'il interprétait sur Paris et qui est venu cette année pour la première fois au théâtre l'oriflamme. Vous souhaitez rire et vivre une expérience post mortem inédite en compagnie d'un fantôme ? Cette pièce est faite pour vous, nous vous la recommandons !
Allez une dernière pour la route : pour le jour de ses funérailles ses beaux-parents ont fait le déplacement "eux qui ont toujours une tête d'enterrement, au moins là pour une fois ils sont raccord !".
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