Le radeau de la méduse - Théâtre - Critique

Titre : Le Radeau de la Méduse : 60 minutes d'humour, d'art et d'histoire (2024)
Dates : Du 29 juin au 21 juillet Relâche le mardi
Horaires : 11h30
Durée : 1h
Lieu : Théâtre Roseau Teinturiers
Genre : Seul en scène historique
Distribution : Texte d'Alexandre Delimoges Avec Anne Cangelosi

Avis de Carlotta (2024)

Cette année encore, le festival d’Avignon retrouve le célèbre spectacle Le Radeau de la Méduse, une immersion de 60 minutes mêlant humour, art et histoire, magnifiquement interprétée par Anne Cangelosi. Tout débute dans l’atmosphère feutrée d’un amphithéâtre universitaire, où la comédienne, se faisant passer pour une érudite intransigeante, nous entraîne dans les méandres de l’Histoire de l’art. Son personnage, d’abord hautain, se mue en une figure réconfortante, animée par le désir ardent de transmettre son savoir et de partager sa passion pour le chef-d’œuvre de Théodore Géricault.

Dès les premières minutes, le spectacle se veut participatif, rompant les barrières entre la scène et le public. L’introduction nous plonge dans les contextes historiques, sociaux et temporels, recréant avec une précision émouvante l’époque tourmentée du tableau. Entre les jeux de lumière subtils et la composition géométrique savante du maître romantique, la description du tableau est ponctuée de notes d’humour délicieuses, habilement insérées par Anne Cangelosi.

Naviguant à travers les grandes études de l’Histoire de l’art – de la restauration minutieuse aux conditions de vie des artistes du XIXe siècle, du travail en atelier aux premières expéditions en plein air – l’analyse de l’œuvre se révèle d’une grande richesse. La comédienne nous aide à percer les secrets de la toile de Géricault, éclairant ses mystères d’une lumière nouvelle et captivante. La pièce évoque également les moments cruciaux de la vie de l’artiste, comme son voyage initiatique en Italie, en le situant parmi ses contemporains tels qu’Eugène Delacroix et en faisant des références subtiles à Jean-Auguste-Dominique Ingres.

De plus, ce spectacle didactique et pédagogique ne perd jamais de vue son objectif premier : Le Radeau de la Méduse. Les liens tissés avec l’actualité, sans cesse mis en lumière, permettent de mieux appréhender cette œuvre emblématique. La comédienne nous rappelle les problématiques sociales exposées par le tableau, faisant écho aux préoccupations contemporaines. Transporté au cœur du Musée du Louvre, ce spectacle ouvre les portes de la compréhension tout en offrant le plaisir de découvrir les mystères cachés derrière ce tableau légendaire, récompensé par une médaille d’or au Salon de 1819. Comme l’œuvre elle-même, le spectacle exalte l’espoir de survie, illuminant l’âme humaine d’une lueur d’espérance.


Avis de Mathilde (2023)

"Non c'est n'était pas le radeau de la méduse ce radeau…" vous le voyez maintenant ce grand tableau de 5 mètres sur 7, exposé au musée du Louvre ? Anne Cangelosi vous convie à une conférence d'une heure sur "le radeau de la méduse", écrite par Alexandre Delimoges, la pièce pas le tableau ! L'œuvre qui a soulevé autant de polémiques et de débats à été peinte par Géricault au début du XIXe siècle alors qu'il avait 27 ans. Entre humour, art, histoire(s) et rebondissements, ce spectacle seul(e) en scène ne pourra ravir que les amateurs d'histoire de l'art en quête d'obtenir le fameux diplôme du radeau de la méduse.

Anne Cangelosi arrive sur une scène dépouillée où seuls un pupitre et une copie du tableau l'attendent. Sans artifices, elle vient telle qu'elle est avec simplicité et authenticité, regarde le tableau, nous raconte son histoire (histoire du tableau pas celle de Anne C), ses détails, ses conséquences sur la société française de l'époque. Bien-sûr elle soupire et râle en regardant le tableau, est-ce lié à ses problèmes personnels avec les papiers du divorce qu'elle vient de recevoir où bien du thème du tableau ? Ça vous le saurez en allant voir la pièce !

Bon alors, ce tableau fait écho au drame qu'à vécu "la méduse", frégate partie en Afrique coloniser un nouveau territoire mais qui s'est échouée au nord du Sénégal avec à son bord 150 survivants. Ce fait réel historique survient pendant la période de la restauration de la monarchie, sous Louis XVIII. On a essayé plusieurs gouvernements et comme cela ne fonctionnait pas, on a opté pour un retour à la royauté, malgré la révolution de 1789. Le tableau paraît en 1819, après un an et demi de peinture, en pleine période romantique.

Dans "le radeau de la méduse", les survivants restants ont été peints, certes ils ne sont pas 150 mais seulement 15, pourquoi ? Parce que les plus riches ont jeté à la mer les plus pauvres où les ont mangés pour pouvoir survivre à bord du radeau. D'ailleurs le cannibalisme est l'une des raisons pour lesquelles le tableau à choqué le public, chose que l'on peut comprendre ! La représentation de personnes noires de peau à également fait scandale (la période du colonialisme, l'esclavagisme, la traite des noirs tout ça tout ça on ne va pas tout vous dire non plus !).

Bref, donc on disait, ce tableau représente aussi l'espoir et le désespoir avec cette attente interminable qui se lit sur les visages et en même temps ce bateau qui apparaît au loin, va-t-il les voir et les sauver ? Cette peinture a également mal été reçue par les français car à travers ce naufrage on voit une allégorie avec le retour de la monarchie, une sorte d'acte de propagande anti-royaliste. Ceci explique son succès à Londres puis plus tard celui des français.

"Le radeau de la méduse" est un tableau qui dérange et un spectacle qui encense la peinture. Anne Cangelosi nous décrit avec ferveur chaque détail du tableau et met même en lumière des sujets où des éléments à côté desquels nous serions passés si elle ne nous avait rien dit. A travers cette performance on perçoit la passion historique de l'auteur et le talent de l'actrice.

Vous êtes passionné d'art ? D'histoire ? D'histoire de l'art ? Allez voir cette merveille qui rend hommage au chef d'œuvre de Géricault. Avec ce tableau réaliste illustrant l'espoir de la survie des naufragés, le rendant intemporel. Écrit et joué par des passionnés pour des passionnés !