Publié par : Jérôme C., Mathilde P. et Pierre F., le 20/07/2024

Le mardi à Monoprix - Théâtre - Critique

Titre : "Mardi à Monoprix" (2024)
Lieu : Le B.A. Théâtre (25 rue Saint Jean le Vieux)
Jours : Du 29 juin au 21 juillet Relâche le jeudi
Horaire : 10h00
Auteur : Emmanuel Darley
Mise en scène et comédien : Thierry de Pina


Autres dates :

Mardi 30/07/2024 à 21H15 - Château de Mouans Sartoux (06) - Billeterie
Samedi 17/08/2024 à 21H00 - Boutique Le Poustou à Tourtour (83)- Billeterie
Vendredi 30/08/2024 à 20h30 - En appartement à Cagnes Sur Mer (06) - 06 12 58 46 18
Samedi 14/09/2024 à 19h30 - Les rencontres au Jardin, 19 rue des Chassaintes - Nimes (30) - 06 86 56 05 71

Avis de Pierre (2024)

Chaque mardi, Marie-Pierre rend visite à son père veuf dans le quartier qui l’a vu grandir. Elle fait le ménage, lave, repasse, plie le linge, le range, fait les repas pour la semaine et discute de tout et de rien avec lui. Tel un rituel hebdomadaire, ils font les courses au Monoprix du quartier, achetant de quoi tenir jusqu’à la semaine suivante. Son père n’est pas vraiment à l’aise lors de ces sorties, marchant à bonne distance de sa fille. Marie-Pierre doit supporter les regards plein de jugement d’individus connus ou inconnus puisqu’avant, elle s’appelait Jean-Pierre. Et ça, son père a du mal à le comprendre, à l’accepter, et ne cesse de lui rappeler. Comment apprendre à s’accepter lorsque l’on naît garçon mais que l’on se sent fille ? Et surtout, les autres peuvent-ils faire preuve de toute l’empathie nécessaire pour ne plus porter de jugement à notre encontre malgré la différence ?

« Le mardi à Monoprix » est un spectacle bouleversant qui illustre avec brio la thématique de la transidentité et de manière plus générale, l’acceptation de soi. On ressent toute la puissance du lien qui unit Marie-Pierre et son père, malgré que Thierry de Pina soit seul sur scène. C’est une relation complexe où la peur de la différence se mélange au regard débordant de jugement de l’extérieur. Pourtant, il existe des individus ayant assez d’empathie pour comprendre sa situation, prenant conscience qu’il s’agit pour Marie-Pierre du seul chemin vers l’acceptation d’elle-même.

C’est l’histoire d’un amour qui persiste malgré l’incompréhension d’un père qui ne reconnait plus vraiment son enfant, un garçon devenu une fille, qui est pourtant toujours la même personne, présente pour lui au quotidien. Au-delà de s’accepter soi-même, il faut surtout réussir à faire reconnaitre son identité par les autres, preuve que l’on existe, brisant ainsi son isolement et son étiquette de personne en marge de la société. Les spectateurs passent du rire aux larmes tout au long de la représentation qui est une vraie bulle d’émotions dans laquelle nous sommes emporté. La mise en scène épurée, la musique et les effets de lumière renforcent encore plus les émotions transmises par Thierry de Pina.

C’est un spectacle loin des idées reçues, une ode à la tolérance et au respect mutuel. La pièce ne tombe jamais dans le pathos, montrant le point de vue de Marie-Pierre sans nous imposer sa vision. Une histoire tellement réaliste qu’il est fort possible qu’un mardi à Monoprix, nous croisions à notre tour, une Marie-Pierre au détour d’un rayon.

Avis de Jérôme (2023)

Aborder le thème complexe de la transidentité dans une pièce de théâtre peut s'avérer un défi, en raison des spectateurs désintéressés et de ceux qui, par préjugés, choisissent de ne pas assister au spectacle. Certes, cette introduction peut sembler troublante, mais elle vise délibérément à mettre en lumière le sujet central de la pièce : la tolérance.

Marie-Pierre, nous raconte son mardi avec son père, son quotidien et les courses à Monoprix. Seulement Marie-Pierre s'appelait Jean-Pierre auparavant.

Comment gérer ce changement avec la perception des proches ? Comment gérer ce changement dont nous prenons de plus en plus conscience mais qui était impensable auprès de la "vieille France".

Marie-Pierre est pleine de courage et pétillante malgré les critiques, la violence des paroles reçues, la douleur et la colère. Elle a quand même peur de la réaction des autres tout autant que leur regard, quand les gens osent la regarder.

Le père porte un jugement relativement violent : "Tu as une barbe, tu es trop carré". "Pourquoi tu as fait ça ? Pourquoi tu m'as fait ça ?". "Tu es trop voyant, regarde, tout le monde te regarde !".

Mais derrière tout ça se cache quand même l'amour d'un père qui se sent seul mais n'avouera jamais ses sentiments. La fin est d'une extrême violence qui nous ramène difficilement à la réalité.

Mais ne vous y trompez pas, vous allez quand même bien rire pendant le spectacle. Vous passerez sûrement du rire au larme. J'ai aimé cette pièce et le jeu de l'acteur. La présence de la musique sert les émotions et nous tient en haleine.

Avis de Mathilde (2023)

C'est une comédie dramatique bouleversante, l'auteur a une plume fine et ciselée. Le fond est un sujet profond et actuel qui parle du regard des autres, de la tolérance, du changement à travers le prisme de la transidentité. Bien que Marie-Pierre soit le personnage principal, on ne peut s'empêcher d'imaginer le père qu'elle nous décrit avec tant de détails qui nous rappelle que c'est ça aussi le théâtre : faire passer plus qu'un bon moment, un message qui ne nous laissera pas indifférent, mais aussi le pouvoir puissant de la suggestion et de l'imagination. La mise en scène est légère et épurée, les propos ne nous heurtent pas mais résonnent en nous comme un air de déjà vu. Cependant, avant-tout, le personnage est sublimé par l'auteur ainsi que par l'acteur. Marie-Pierre est traité avec une finesse désarmante, le jeu de l'acteur est si sensible qu'il nous embarque avec lui pour une journée à Monoprix.
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