Le Musée des Curiosités ouvre ses portes pour une exposition exceptionnelle intitulée « Erosion du réel (En)quête de sens ». Présentée du 18 janvier au 23 février 2025, tous les jours de 13h à 18h, elle s’inscrit dans le cadre de Terre de Culture 2025 : Curiosité(s). Un groupe d’étudiants de quatrième année de l’École Supérieure d’Art d’Avignon (DNSEP, option art, mention conservation-restauration et création) a eu carte blanche pour investir l’Église des Célestins. Accompagnés par l’équipe de la Collection Lambert, dirigée par Stéphane Ibars, ils proposent un parcours captivant. Les visiteurs pourront découvrir un ensemble d’œuvres issues de la collection du FRAC SUD — Cité de l’art contemporain, explorant la notion d’érosion du réel et ses multiples résonances singulières.
En ce samedi 18 janvier 2025, malgré le froid hivernal caractéristique de cette saison, nombre d'Avignonnais sont venus sur le parvis de l'église des Célestins afin de donner le coup d'envoi d'une curieuse exposition. Cécile Helle, maire d'Avignon, la représentante de FRAC Sud et le responsable de la Collection Lambert ont tour à tour pris la parole pour nous présenter le projet et partager leurs impressions. L'exposition s’inscrit bien évidemment dans les festivités d'”Avignon, terre de culture 2025”, déclinées sur le thème de la curiosité(s). À travers “Érosion du réel (en)quête de sens”, la maire d'Avignon a voulu insister sur trois dimensions.
Tout d'abord, mettre l'artiste au cœur de la cité, et ce grâce à cinq expositions qui prendront vie dans le magnifique édifice qu'est notre église des Célestins.
Ensuite, le point d'orgue : la culture dans Avignon. Une culture à associer au patrimoine et à la ville. En bref, faire dialoguer l'art et le lieu d'exposition. Depuis la restauration de l'église en 2019, l'endroit a eu peu d'occasions de s'ouvrir au public, alors que l'on souhaiterait une appropriation plus large par les habitants. En rappelant, au passage, qu’après le Palais des Papes, l'église des Célestins reste le deuxième édifice patrimonial remarquable. C'est pour cela que, pour le faire rayonner, il faut allier la vie culturelle, les expositions et les performances artistiques. Madame le maire insiste et revient sur ce deuxième point : le dialogue entre art contemporain et patrimoine. Une succession d'expositions aura donc lieu autour de l'univers de la curiosité(s).
En troisième point, Cécile Helle aborde le compagnonnage et la dynamique collective, l'une des finalités d'“Avignon, terre de culture” : amener les acteurs culturels à faire culture ensemble, quelle que soit leur origine ou leur domaine. Donc ce compagnonnage, aujourd'hui, c'est quoi ? Cela représente la collaboration de trois “monstres” : le FRAC Sud (fonds régional d'art contemporain Sud), la Collection Lambert et enfin l'École supérieure d'art d'Avignon. Des institutions importantes pour notre région Sud.
Cette aventure collective a permis aux étudiant(e)s en quatrième année d’École d'art de jouer le rôle de curateurs le temps du projet, en y participant et en lui donnant vie du début à la fin. Il fallait une collection légitime pour revendiquer Avignon comme capitale européenne de la culture, 25 ans après sa création, tout en célébrant également les 25 ans de la Collection Lambert. Vous l'aurez compris : de multiples aventures artistiques et culturelles sont et seront accessibles au public cette année, où partage et générosité joueront des coudes aux Célestins.
Ce compagnonnage est important ici, car il permet l’effervescence de l'énergie de la jeunesse et de la créativité, en montrant comment les jeunes étudiants s'impliquent en apportant un regard nouveau sur la culture, la ville et la société.
Le “mantra” de 2018, “liberté, égalité, gratuité”, continue de s'imposer avec la mise en gratuité de certains lieux. “Le prix ne doit pas être un frein à la découverte de la culture”, insiste madame Helle. Il doit devenir un argument pour tout visiteur, touristes ou habitants, les incitant ainsi à rester plusieurs jours dans notre belle cité. La culture doit être une proposition, gage d'attractivité touristique. Pour conclure son discours, Cécile Helle met en avant ces trois dimensions et les revendique avec conviction : “Faisons curiosité ensemble !”
La présidente de FRAC Sud prend le relais en expliquant leur vocation : couvrir les six départements de la région, déployer leur collection et rencontrer les acteurs culturels des villes. Pour cette exposition, ils ont puisé des œuvres rassemblées depuis 40 ans en opérant des choix et des rapprochements réfléchis. Ce projet, élaboré à trois, a permis aux étudiants de se confronter à un premier commissariat professionnel avec la Collection Lambert. À noter que le FRAC Sud œuvre à travers toute la région, bien que son antenne principale reste à Marseille. Aller à la rencontre de tous les publics et sensibiliser aux recherches en art contemporain restent leurs priorités.
Pour le président de la Collection Lambert, les Célestins doivent être un lieu qui parle à sa ville et au monde. “Tout se joue dans la collaboration.” Malgré un agenda chargé, travailler dans cette église et avec les autres acteurs s'est avéré un grand projet. “Il faut penser aux jeunes non diplômés qui, en un temps record, ont travaillé en tant que curateurs.” Le défi était de puiser dans la collection du FRAC, de respecter le lieu et de mettre en avant les œuvres grâce à un parcours offrant une lecture singulière des éléments. En somme, il s’agissait d’apporter un nouveau regard sur des œuvres parfois déjà connues.
Zoé, une étudiante du groupe, nous explique avoir travaillé sur ce thème avec neuf autres camarades. En fonction des formes et des ressentis éprouvés, ils se sont demandé : “Les œuvres sont-elles en bon état ? L'exposition est-elle possible dans ces conditions ?” Il fallait respecter l'œuvre, le lieu et s’y adapter. Les étudiants se sont attelés au projet pendant six semaines, à partir de juin 2024, à distance ou sur place, pendant les vacances ou sur leur temps libre. Deux professeurs ont “veillé au grain” : un expert en exposition et conservation, et un autre, professeur en création et artiste. Nous félicitons ces jeunes qui ont mené cette mission avec cœur dans le cadre de ce modeste projet. Encore un an d'études (soit cinq au total) et ils seront diplômés !
Après avoir visité les lieux agréablement aménagés, observé les œuvres et les spectateurs, je ne dirais pas que ces derniers aient été enjoués ou contrariés par ce qu'ils regardaient, mais qu’ils s’avéraient curieux. Certains même étaient surpris que des éléments appréciés en leur temps aient été choisis par les étudiants et surtout remis au goût du jour. En tout cas, le défi est relevé : impossible de rester impassible. Ce que l’on regarde nous touche, nous frappe doucement, mais surtout – et c’est le plus important – suscite une réflexion.
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