Jean-Michel Cutillas est un expert reconnu en biomécanique et locomotion équine, fort de plus de 25 ans d’expérience. Ancien cavalier de la Garde républicaine et du Cadre noir de Saumur, il a développé une approche unique, basée sur l’observation et l’analyse des chevaux en mouvement. Sa devise, « la légèreté au bout du sentiment », illustre son engagement pour une équitation respectueuse, où le bien-être du cheval prime. Conférencier régulier dans les grands salons équestres, il partage son savoir-faire à travers des masterclass et des formations adaptées à toutes les disciplines. Lors de Cheval Passion 2025, il dévoile ses techniques, offrant des outils concrets pour améliorer la complicité cavalier-cheval tout en optimisant leurs performances.
Bonjour Jean-Michel, merci de nous accorder cette interview. Pouvez-vous expliquer en quoi consiste précisément la biomécanique et son importance dans la locomotion du cheval ?
Bonjour, merci à vous. La biomécanique et la locomotion sont intimement liées. La locomotion, c’est l’étude des mouvements du cheval à ses différentes allures : pas, trot et galop. Nous réalisons des bilans locomoteurs pour observer et analyser ces mouvements.
La biomécanique, quant à elle, consiste à utiliser des exercices spécifiques pour corriger ou améliorer certains aspects. Ces exercices, souvent issus des figures équestres, permettent au cheval de prendre des postures qui corrigent des problèmes comportementaux, améliorent la flexion costale, l’engagement des postérieurs ou encore la stabilité de la tête et des épaules. Par exemple, un cheval nerveux ou déséquilibré peut, grâce à cette approche, devenir plus posé et harmonieux dans ses mouvements.
Quels sont les objectifs principaux de votre masterclass à Cheval Passion cette année ?
L’objectif est de transmettre des outils pratiques aux participants. Je tiens à expliquer précisément chaque étape du travail, comme je l’ai fait avec un cheval présenté ici : en trois mois, il est passé d’un comportement nerveux à une posture posée et sage. Cela prouve qu’avec une méthode adaptée, on peut obtenir des résultats rapides tout en respectant le rythme et le bien-être du cheval.
Comment avez-vous développé votre expertise en biomécanique et en locomotion ?
Même si j’ai fréquenté les grandes écoles françaises, mon véritable apprentissage vient de l’observation. Depuis plus de vingt ans, j’étudie les chevaux au travail, en liberté, à la longe, ou aux longues rênes. Ces heures d’analyse m’ont permis de comprendre comment adapter les exercices à chaque cheval. J’ai travaillé avec des races et des disciplines variées, et cette expérience m’a montré que les résultats sont visibles rapidement, parfois dès la première séance.
Quels sont les signes les plus courants d’un dysfonctionnement locomoteur que les cavaliers pourraient repérer eux-mêmes ?
Un indicateur simple est l’observation des diagonales au trot. Normalement, le cheval doit "diagonaliser", c’est-à-dire que ses membres diagonaux (par exemple, antérieur gauche et postérieur droit) se déplacent en synchronisation comme des ciseaux. Si un membre a moins d’amplitude, cela crée une irrégularité visible. Même un œil peu expérimenté peut repérer un cheval qui a une foulée plus courte d’un côté, ce qui peut indiquer un problème locomoteur. Ces observations devraient inciter à consulter un vétérinaire ou un professionnel.
Les cavaliers, amateurs comme professionnels, comprennent-ils bien l’importance de la biomécanique aujourd’hui ?
On progresse, mais il reste des efforts à faire. Il y a cinq ans, beaucoup pensaient que la biomécanique concernait uniquement le dressage. Aujourd’hui, on comprend mieux que cela peut s’appliquer à toutes les disciplines : cross, saut, western, ou même le travail Camargue. Cependant, une sensibilisation accrue est encore nécessaire pour qu’un plus grand nombre de cavaliers l’intègrent pleinement dans leur approche.
Quels sont les impacts les plus fréquents d’une mauvaise posture ou d’un entraînement inadéquat sur la santé du cheval ?
Une mauvaise posture peut entraîner des compensations musculaires ou articulaires. Par exemple, un cheval sursollicité peut développer une tendinite ou des déséquilibres musculaires, comme un membre plus développé que l’autre. Cela peut également engendrer des douleurs dorsales ou des sensibilités au niveau des jarrets. À terme, ces déséquilibres affectent le bien-être global du cheval, provoquant des trébuchements ou des comportements inhabituels.
Comment la biomécanique peut-elle améliorer les performances sportives tout en préservant la santé du cheval ?
La biomécanique permet d’adapter les exercices aux besoins spécifiques de chaque cheval. Il n’existe pas une méthode unique, mais autant de méthodes que de chevaux. Grâce à des exercices simples comme des cessions, des flexions ou des allègements d’épaules, on peut aider le cheval à se mouvoir plus facilement et efficacement, quel que soit son domaine : saut, dressage, cross ou western. Par exemple, en travaillant sur les dissymétries, on peut résoudre des difficultés techniques comme un virage serré dans une combinaison de cross.
Quels conseils donneriez-vous aux cavaliers pour mieux comprendre et respecter la locomotion naturelle de leur cheval au quotidien ?
Il est essentiel de s’entourer d’un bon professionnel, formé à ces questions. Observez également les résultats : si en une ou deux séances, ni vous ni votre cheval n’évoluez, c’est qu’il y a un problème. L’observation et l’écoute du cheval sont fondamentales. Chaque cheval est unique et évolue différemment. Parfois, une séance suffit pour constater un changement, à condition que le travail soit adapté.
Pour conclure, votre devise est “la légèreté au bout du sentiment”. Pouvez-vous nous en parler ?
La légèreté vient de l’écoute et du tact. Lorsqu’on est attentif aux ressentis du cheval et qu’on s’adapte en conséquence, on atteint un équilibre où tout devient fluide. Par exemple, je tiens les rênes avec deux doigts, avec un contact presque imperceptible. Ce niveau de communication se construit sur une compréhension mutuelle et une remise en question constante.
Interview avec Marilou Ribes, stagiaire de Jean-Michel Cutillas, lors de Cheval Passion 2025
Bonjour Marilou, merci de nous accorder un moment. Pouvez-vous vous présenter ?
Bonjour ! Je m'appelle Marilou Ribes et je suis ici à Cheval Passion aux côtés de Jean-Michel Cutillas. Tout au long de la semaine, j’ai participé à des démonstrations d’équitation de travail Camargue. C’est une expérience incroyable et enrichissante que je suis ravie d’avoir vécue.
Quels sont vos projets pour l’avenir ?
Même si mes projets professionnels ne se situent pas dans le domaine équestre, les chevaux resteront une passion essentielle pour moi. Je monte depuis mon enfance, et je souhaite continuer à progresser et à monter aussi souvent que possible.
Comment cette passion pour les chevaux est-elle née chez vous ?
C’est une histoire de famille. Mon grand-père et mon père montaient tous deux à cheval, toujours dans l’univers Camargue. Depuis toute petite, j’ai grandi entourée de chevaux et cette passion s’est ancrée naturellement en moi.
Est-ce votre première participation à Cheval Passion ?
En tant que participante, oui. J’étais déjà venue comme visiteuse, mais c’est ma première fois à cheval ici. C’est une expérience extraordinaire, tant pour moi que pour mon cheval.
Comment se passe cette expérience ?
C’est fabuleux ! Cela m’apporte énormément, à moi comme à mon cheval. J’ai l’occasion de découvrir de nouvelles choses, de partager avec d’autres passionnés, et d’échanger avec des visiteurs, qu’ils soient dans le milieu ou non. C’est un souvenir inoubliable.
Parlez-nous de votre collaboration avec Jean-Michel Cutillas
Je monte régulièrement avec Jean-Michel, généralement tous les mercredis, et parfois plus fréquemment avant des concours. Cela fait un an que je travaille avec lui, et cette collaboration m’a énormément fait progresser. Son enseignement est précieux et m’a permis d’atteindre un niveau dont je suis fière aujourd’hui. Je lui en suis très reconnaissante.
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