La pièce "Ita L. Née Goldfeld" d'Eric Zanettacci, interprétée par Françoise Nahon sous la direction de Patrick Zeff Samet, se distingue par sa profondeur et son humanité. Présentée du 3 au 21 juillet, cette œuvre en solo plonge le public dans le dilemme poignant d'Ita, une femme juive face à la persécution en 1942.
La pièce commence avec une scène percutante : Ita, paniquée, a reçu la visite de policiers qui lui accordent une heure pour se préparer. Cette heure devient un voyage à travers ses souvenirs, remontant à sa fuite d'Odessa pour échapper aux pogroms. La France, pays des droits de l'homme, devient son refuge, mais elle est maintenant confrontée à une nouvelle terreur. Le personnage d'Ita, interprété par Françoise, est d'une positivité touchante malgré l'horreur qui l'entoure.
Françoise évoque avec émotion sa rencontre avec le texte, soulignant le hasard heureux de sa collaboration avec Patrick. "C'était un vrai bonheur de jouer ce texte, particulièrement en ce moment", confie-t-elle. Sa préparation pour incarner Ita fut nourrie par l'histoire personnelle de l'auteur, qui partageait des anecdotes et des photos de sa propre arrière-grand-mère, Ita. Cette connexion émotionnelle profonde a imprégné chaque répétition, rendant Ita presque tangible sur scène.
La mise en scène de Patrick est minimaliste mais riche en immersion. Les éléments de décor réalistes et la musique subtilement intégrée créent une atmosphère intime. Françoise, en symbiose avec le personnage, trouve en Ita une compagne de scène presque vivante. La décision de garder un accent léger pour Ita est un choix audacieux qui ajoute une couche d'authenticité à sa performance.
Patrick, quant à lui, s'est inspiré de ses propres liens historiques pour diriger cette pièce. La mémoire de son grand-père, victime des persécutions de 1941, a influencé son approche. La pièce devient ainsi un hommage personnel et un témoignage de cette époque sombre. "Si j'avais pu mettre Ita comme co-metteuse en scène, je l'aurais fait", dit-il en soulignant la présence presque palpable du personnage dans le processus créatif.
Le public est rapidement immergé dans l'appartement d'Ita, grâce à une scénographie sobre mais évocatrice. Les retours des spectateurs confirment cette immersion totale, ressentant la présence d'Ita comme une réalité. Les jeunes spectateurs, en particulier, sont profondément touchés, découvrant une partie de l'histoire souvent méconnue.
La pièce, bien que centrée sur une histoire juive, dépasse les frontières communautaires. Elle évoque des thèmes universels de migration, de racisme et de résilience. Les questions des jeunes lors des représentations scolaires révèlent une soif de comprendre et de relier cette histoire à des enjeux contemporains. "Les élèves sont passionnés, ils découvrent, s'interrogent, et cela mène à des discussions profondes sur le racisme et la haine", explique Patrick.
En ces temps troublés, la pièce revêt une dimension politique et éducative essentielle. La situation actuelle, avec la résurgence de conflits et de discriminations, renforce la pertinence de ce témoignage historique. "C'est une mission de jouer cette pièce maintenant", affirme Françoise, soulignant l'importance de la mémoire et de l'éducation.