Vaste sujet que de parler des camps de concentration sans tomber dans le piège d'un spectacle trop lourd. En tant que fervent défenseur du devoir de mémoire, je considère qu'il est important d'avoir des pièces abordant ce sujet. Cette pièce présente une belle adaptation de l'écriture de Robert Antelme. Cependant, on peut noter une prise de risque dans la mise en scène (Patrice Le Cadre). Avec seulement l'actrice (Anne Coutureau) sur scène, sans décor ni éléments, nous sommes plongés dans le récit uniquement à travers ses paroles, son interprétation et le jeu de lumière.
Robert Antelme (1917-1990) était un écrivain et résistant français. Il est surtout connu pour son livre majeur "L'Espèce humaine", publié en 1947, qui relate son expérience de déportation dans les camps de concentration nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. Antelme a été arrêté en 1944 et envoyé à Buchenwald puis à Dachau. Son œuvre puissante et introspective explore les limites de l'humanité face à l'oppression et à l'inhumanité. Après la guerre, Antelme a poursuivi sa carrière d'écrivain et s'est engagé dans des mouvements politiques de gauche. Son travail a joué un rôle important dans la compréhension de l'expérience concentrationnaire et de la condition humaine dans des situations extrêmes.
S'il est nécessaire d'avoir des moments de pause, j'ai trouvé que cela était excessif. Une impression de récit appris par cœur qui peut ne pas plaire à tous. Si le sujet des camps de concentration ne vous intéresse pas, il vaudrait mieux passer votre chemin. Pour les autres, concentrons-nous sur ce que nous apprécierons vraiment dans cette pièce, et ce n'est pas la moindre des choses.
Évidemment, le sujet lui-même et cette plongée dans les souvenirs peuvent perturber certains spectateurs. Mais comment pourrait-il en être autrement lorsqu'on revit la vie d'une personne dans un monde déchiré, côtoyant le désespoir et la mort ? "Ce n'est pas le froid, la faim qui vous ankylose, mais le temps...". À travers les yeux de l'écrivain, nous sommes replongés dans ce passé horrifique des camps de concentration.
Par moments, nous nous demandons si la part "humaine" de l'humanité n'a pas disparu, happée par la violence sous le regard des SS. Mais de temps en temps, à travers des actes désinvoltes, une lueur d'espoir se fraye un chemin. Ce sont souvent de petites choses, mais ce sont ces petits riens qui forment un tout où naît l'espoir au milieu des poux et de la boue. Un mince espoir qui nous fait croire qu'un jour, peut-être, la liberté sera à nouveau possible.
Certains la trouvent dans la mort et la considèrent comme une victoire car "la mort est plus forte que les SS". Nous voyageons de Buchenwald à Dachau, et nous terminerons par un échange lors d'une nuit, sûrement la dernière avant la liberté, entre l'écrivain et un Allemand qui donnera de l'espoir et nous rappellera qu'il n'y a pas différentes espèces humaines, mais une seule espèce humaine.
L’espèce humaine sera joué au théâtre 3 soleils à 17h35, relâches les 11,18 et 25 juillet.
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