Le spectacle "Cassandra", créé par Manon et mis en scène par Loïc, s’annonce comme une exploration captivante et profonde du mythe de Cassandre. Inspirée par cette figure tragique de la mythologie grecque, la pièce suit Théodora, une actrice au talent unique mais maudit, capable de percevoir les malheurs des autres sans jamais être crue. Cette dimension tragique est une métaphore puissante de notre époque, marquée par une prolifération d’informations et d’avis qui se noient dans la cacophonie des médias modernes.
Théodora, incarnée par Manon, traverse un parcours tumultueux qui la mène des auditions anonymes à la célébrité grâce à un rôle dans la série "Troys Corp". Sa transformation en Cassandra, à la fois dans la série et dans la réalité, évoque la dualité de l’identité et les sacrifices personnels qu’impose la quête de reconnaissance. Manon décrit avec émotion comment ce rôle, découvert pendant le confinement, résonne avec sa propre expérience de comédienne, immergeant le spectateur dans le quotidien souvent absurde et impitoyable de l’industrie du spectacle.
La mise en scène de Loïc promet une expérience visuelle et musicale riche, reflétant le monde brillant et superficiel de la télévision et de la politique. Il souligne l’importance de ne pas ennuyer le spectateur, évoquant son souci constant de renouveler l’intérêt et de jouer avec les apparences. Ce travail artistique pose des questions sur la quête de soi, la place des femmes dans les médias, et la manière dont la société façonne nos identités et nos aspirations.
Au-delà du divertissement, "Cassandra" semble être une réflexion mordante sur la société du spectacle et le pouvoir des médias. La satire est omniprésente, critiquant la superficialité des programmes télévisés et l’absorption passive des informations par le public. La pièce dépeint une société où l’apparence prime sur la compétence, et où le chemin vers la réalisation de soi est semé d’injonctions sociales contradictoires.
L’évolution de Théodora en présidente de la République dans la pièce est une exagération dramatique qui soulève des questions sur le rôle des médias dans la fabrication des leaders et des icônes publiques. La pièce semble poser une question fondamentale : dans quelle mesure sommes-nous maîtres de notre destin, et à quel point sommes-nous façonnés par les attentes et les perceptions des autres ?
Les entretiens révèlent également une réflexion philosophique sur la connaissance de soi et l’acceptation de soi. Manon et Loïc discutent de l’impact des médias sociaux sur l’estime de soi et la pression constante de se comparer aux autres. Ils soulignent la nécessité de tracer son propre chemin, sans se laisser submerger par les images idéalisées véhiculées par les réseaux sociaux. Cette introspection trouve un écho particulier dans le contexte actuel, où la quête de l’authenticité se heurte à une culture de l’apparence omniprésente.