Victor Hu.G.O.A.T : N°1 du rap français – Critique

Titre : Victor Hu.G.O.A.T : N°1 du rap français
Dates : du 2 au 21 juillet, relâche le lundi, représentations supplémentaires les 22 et 23 juillet
Horaire : 18h05
Durée : 1h05
Lieu : Théâtre Au bout là-bas

Si Victor Hugo avait vécu à notre époque, il aurait été le plus grand des rappeurs. C’est en partant de ce postulat que Barthélemy alias BART s’est lancé le défi de réconcilier la littérature et le rap, plus proches qu’on pourrait le croire. Abordant les textes de Victor Hugo par le prisme des sentiments de l’homme plutôt que par les figures de style, son pote Donatien chargé de composer l’instru et lui-même aux paroles, vont devoir relever le défi lancé par leur prof de français : raconter la vie de Victor Hugo en rap, le tout en une semaine seulement. Revenant sur des moments clés comme la bataille d’Hernani qui bouleversa les codes du théâtre classique, la mort de sa fille Léopoldine ayant eu une grande influence sur son œuvre ou encore son exil sur l’île de Guernesey aux côtés de sa maîtresse Juliette, BART construit le rap biographie de l’homme du siècle à la vie bien plus tumultueuse que nos rappeurs contemporains.

« Victor Hu.G.O.A.T : N°1 du rap français » est un spectacle aussi instructif qu’intelligent, parfaitement orchestré, mené brillamment de bout en bout. Alternant entre faits historiques et reprises de textes de Victor Hugo tels que « Demain dès l’aube » puisant dans le style de différents rappeurs, BART construit peu à peu le rap biographique de l’auteur sur fond sonore. On y retrouve des inspirations de Nekfeu, Grand Corps Malade, Jul, PNL, Soprano et bien d’autres. L’humour est omniprésent, faisant rire le public du début à la fin, plongé dans l’ambiance et hyper réceptif. La salle se retrouve coupée en deux, d’un côté les auteurs classiques et de l’autre les auteurs romantiques, défendant leur position dans une reproduction de la bataille d’Hernani, pleurant la mort de sa fille, vibrant sur son discours politique dénonçant la pauvreté ou en chantant le refrain de la chanson finale.

Barthélemy qui nous transmet une énergie folle, seul sur scène, incarne plusieurs personnages comme son pote Donatien, sa prof de français réfractaire au rap ou encore Victor Hugo lui-même, permettant un dialogue avec le GOAT, c’est-à-dire Greatest Of All Time, le meilleur de tous les temps. C’est une nouvelle manière génialissime d’aborder l’œuvre de cet auteur, brisant les conventions, un peu comme Hugo à son époque. Finalement, plus que s’intéresser aux œuvres en elles-mêmes, on se penche sur les évènements qui ont mené à leur création. Cochant les 5 cases thématiques du rap français, à savoir : engagement, violence, femmes, égo et argent, BART nous prouve avec brio et de manière implacable que Victor Hugo serait en effet le plus grand rappeur de notre ère. Le morceaux final est génial, point culminant du spectacle qui est une parfaite conclusion à celui-ci.

C’est un spectacle qui plaira autant aux amateurs de littérature que de rap de tous les horizons, mais aussi à ceux qui ne sont familier avec ni l’un ni l’autre, vous permettant de découvrir la vie de l’homme du siècle ou de vous ouvrir à de nouveaux styles musicaux. Une totale réussite, ma plus belle découverte de cette édition 2024 du Festival d’Avignon, et qui sera de retour pour la prochaine édition du Festival.