Publié par : Peter B., le 19/07/2024

Rollekebol - Théâtre - Critique - Avignon Off

Titre : Rollekebol
Dates : du 29 juin au 21 juillet, relâche les 1, 8, 15 juillet
Heure : 17h45
Durée : 1h15
Théâtre : ÉPISCÈNE (THÉÂTRE) - Salle : Théâtre Episcène


Dans ce Festival Off d’Avignon, comme dans le In d’ailleurs, les créations et les mises en scène d’histoires de famille sont légion.
Des tragédies grecques à Romain Gary, en passant par des spectacles jeune public ou de la danse, la famille est omniprésente dans la vie théâtrale d’aujourd’hui.
Sujet inépuisable car tellement familier, sans jeu de mots, les spectacles autour de ce thème remportent presque toujours un succès d’estime.
Les spectateurs peuvent se reconnaître dans les situations imaginées et illustrées par les auteurs dramatiques, par les mises en scène ou encore par le jeu des acteurs.
"Rollekebol", expression bruxelloise, dérivée du néerlandais "rollebollen" signifie : roulé-boulé. Un roulé-boulé avec des enfants, avec des parents, avec les animaux de compagnie. Avec ses pensées, avec ses paroles.
En l’occurrence, ici c’est l’histoire d’un père qui se meurt d’un cancer, d’une mère qui a déraillé et qui continue à dérailler, d’un fils qui ne sait plus où il en est et d’une fille qui prend la fuite chaque fois qu’elle en ressent la nécessité.
Il n’y a que les animaux de compagnie, un chien et un chat, qui assistent, impuissants, à la déchéance, à l’effacement d’un semblant de cohésion.
La cohésion qui semble être recherchée dans toutes les familles à travers les temps infinis. Relisez Sophocle, Hamlet et d’autres tragédies encore. Nous sommes, avec Rollekebol, dans une tragédie. Une tragédie belge mais reconnaissable, universelle, par toutes et tous.
Un père qui essaie d’être le pôle central de cette famille dissolue et qui ne peut plus, car il se meurt. Le Roi se meurt. Une mère déjantée qui passe du temps en psychiatrie ou du moins sous médicaments, un fils qui débloque aussi mais reste dans le ‘’normal’’. Une fille qui, en fait, ne veut plus rien savoir.
Et donc un chien et un chat. Sous forme de marionnettes qui interviennent régulièrement, comme une sorte de Deus ex Machina, ramenant les propos des uns et des autres vers une réalité poignante et à leurs justes proportions.
Le texte de Nicola Godart est d’une justesse absolue, sculpté dans une matière brute comme un vécu de vie.
Le jeu des quatre actrices et acteurs est aussi juste et l’on sent l’émotion des mots à travers le dire.
Nicolas Godart nous dit qu’il a essayé de faire sonner cette histoire comme une histoire "à la belge’" en utilisant des expressions et une élocution typiquement belges. En même temps, cette histoire est totalement universelle et c’est là où réside justement sa richesse et son intérêt.
Un mot particulier pour celle qui manipule les deux animaux, intervenant régulièrement dans le cours du récit. Elle manipule le chien et le chat avec beaucoup de justesse et on y croit.
Ces deux animaux font partie d’une famille déchirée et cohérente en même temps.
Un spectacle à voir et à suivre.
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