Titre : Elle ne m'a rien dit.
Dates : du 29 juin au 21 juillet, relâche les 2, 9, 16 juillet
Heure : 22h30
Durée : 1h35
Théâtre : FACTORY (LA) - 1-Théâtre de l'Oulle
Dans la pénombre d’une scène sobre, les premiers éclats de lumière dévoilent deux jeunes sœurs, Ahlam, cinq ans, et Hager, huit ans. Leur complicité éclatante transcende rapidement la scène, capturant le public avec une sororité palpable, malgré le handicap d’Ahlam. Leurs rires et jeux créent une bulle de douceur et de tendresse qui contraste dramatiquement avec le destin qui les attend.
L’apparition d’un jeune homme dans la vie d’Ahlam semble d’abord une lueur d’espoir. Leur rencontre, habilement mise en scène par un jeu astucieux de lumière transformant l’espace en un appartement intime, semble prometteuse. Pourtant, très vite, le vernis de cette idylle craque. Les révélations s'enchaînent : ce prétendant n’est qu’un manipulateur, prêt à tout pour obtenir des papiers et rester en France. La violence verbale, marquée par des phrases glaçantes telles que "Soit on me respecte, soit je cogne", s’intensifie jusqu’à atteindre un paroxysme terrifiant.
Le talent des comédiens est tel que chaque scène plonge le spectateur dans une tension palpable. La transformation de cet homme en véritable monstre est poignante. Le public, terrifié, ressent chaque coup, chaque insulte. Une phrase résonne avec une horreur particulière : "Je boirais ton sang si t’essaye de me la faire à l’envers", marquant l’apogée de la violence subie par Ahlam. La détresse de cette dernière face à un système impuissant et indifférent, symbolisée par le refus du commissariat de prendre sa plainte, exacerbe notre sentiment d’injustice.
La pièce culmine dans une scène difficile à regarder, où le spectateur est confronté à l’horreur de l’irréversible. Le combat acharné de Hager pour obtenir justice et sa résilience s’impose comme un acte de bravoure. Cette lutte, bien que porteuse d’un message d’espoir, rappelle cruellement le manque de progrès dans notre société.
En 2024, la France déplore déjà 67 féminicides en seulement six mois. Cette statistique alarmante souligne l’urgence et la nécessité de pièces comme "Elle ne m’a rien dit". Ce drame, en exposant avec une brutalité nécessaire la réalité des violences conjugales, interpelle et pousse à la réflexion. Il est un appel à l’action, un cri pour les sans-voix. Une œuvre qui, par sa force et son intensité, mérite d’être vue, discutée et surtout, entendue.
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